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Temps de lecture : 14 min.

Depuis une dizaine d’années, plusieurs de nos contemporains, dont des chrétiens, parlent de ce changement d’ère dans lequel nous sommes. Quand j’utilise le mot « ère », je parle d’un changement d’époque culturelle et religieuse qui marque l’Histoire. Personnellement, je l’ai pleinement réalisé début 2020.

La pandémie que nous vivons depuis une année maintenant est un événement marqueur et accélérateur de ce changement au niveau mondial. La lutte contre ce virus nous a conduits à un bouleversement de nos habitudes, de nos trains de vie, de notre façon de penser, de nos activités, etc. Nos repères sont bouleversés et cela touche tous les domaines de nos sociétés. Nul n’est épargné. Définitivement, nous sommes passés à autre chose. Nous ne pouvons plus vivre comme avant.

Dans l’Église, nous vivons un mouvement de prière qui touche toutes les dénominations de la chrétienté et pour plusieurs, des actions s’ensuivent. Nous cherchons Dieu beaucoup plus, pour savoir comment poursuivre, et nous avons soif de voir Dieu agir. Cela fait quelques années que j’entends l’importance de « vivre l’Église autrement ». Ça y est, nous y sommes ! De nombreuses réflexions se poursuivent sur « comment vivre l’Église aujourd’hui avec toutes les contraintes imposées par nos gouvernements ? » Nous sommes obligés d’accepter le changement tout comme le reste de la société. Mais de quel changement s’agit-il ?

Nous sommes en train de vivre une transition culturelle : nous passons d’une culture chrétienne à postchrétienne.

Pendant toute cette période, le Christianisme se propage de par le monde et notamment en Europe. Constantin et ses successeurs établissent un empire romain « chrétien » qui facilite l’intrusion de pratiques païennes dans l’Église. La foi chrétienne était devenue un signe de prestige social et un élément indispensable pour faire carrière dans l’Empire. Le premier roi qui se convertit en France au christianisme est Clovis en 496.

Le Christianisme est central dans la vie de la société et de ses habitants, même si à certaines périodes de l’Histoire, les peuples ont essayé de s’en affranchir (ex. la révolution française).

Elle enrichit également le patrimoine européen ; je dirai même qu’il a contribué fortement à influencer et à bâtir l’Europe d’aujourd’hui.

Prenons quelques exemples :

Parler de l’évangile dans les nations se fait très tôt et de plusieurs façons. Alors bien sûr, nous avons découvert des trésors et d’autres extrémités de la terre, mais quand les missionnaires découvrent de nouveaux horizons et de nouveaux peuples, pour plusieurs, ils viennent apporter l’évangile en imposant leurs pratiques. Pour tout ce qui n’entre pas dans leur manière de vivre leur foi, alors l’oppression et la brutalité sont de rigueur. Certes, je généralise, mais heureusement que d’autres ont eu un impact là où ils sont passés et ont eu une bonne influence.

Cette attitude de dureté de la part des missionnaires a déformé la mission première de Dieu, car lorsque Jésus était sur terre, s’il était radical, il était | est amour avant tout. Aujourd’hui, beaucoup de citoyens occidentaux retiennent la partie de l’Histoire du christianisme qui est dur et brutal comme les guerres de religion. Ils ne sont donc pas intéressés par ce reflet de Dieu.

Le Christianisme va s’essouffler tout au long du 20ᵉ siècle. Nous arrivons à la conclusion qu’imposer le Christianisme ne fonctionne pas. Le Christianisme est en train de mourir.

Nous sommes en train de basculer dans l’ère postchrétienne, depuis quelques années : une époque où le spirituel reste important, mais où les personnes connaissent de moins en moins la Bible et le cœur du judéo-christianisme.

En évoquant ces différentes caractéristiques entre la chrétienté et la postchrétienté, je n’émets aucun avis sur ce qui est bon ou non, car nous avons chacun notre opinion. Mais il me semble plutôt essentiel de voir comment rebondir pour partager notre foi dans cette nouvelle ère postchrétienne.

⇾ D’après un sondage, le récit le plus connu est « l’Arche de Noé ». Pour plusieurs jeunes et enfants, le sens de Noël n’est pas connu. Ils parlent plus de la naissance du père Noël que de la naissance de Jésus. Aujourd’hui, nous avons l’avantage de pouvoir raconter bon nombre d’histoires bibliques pour permettre aux personnes qui nous entourent de découvrir la Bible.

Dans l’ère chrétienne, la vie de l’Église était connue. En Postchrétienté, elle devient marginale et même méconnue. J’ai rencontré l’été dernier une personne qui ignorait que les protestants faisaient leur culte le dimanche. Aujourd’hui, nous pouvons de plus en plus parler de notre façon de vivre notre relation avec Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit) sans avoir les clichés d’antan.

⇾ Dans l’ère chrétienne, les chrétiens étaient nombreux. En Postchrétienté, nous sommes une minorité. Si rien ne se passe, d’ici à 2050, il y aura autant de musulmans que de personnes dites chrétiennes, car à ce jour, si nous prenons les chrétiens nés de nouveaux, c’est déjà quasiment le cas. Aujourd’hui, la France et l’Europe sont une terre de mission. En regardant un peu l’Histoire, je suis fortement intéressée par la période et la vie de Saint-Martin de Tours qui est aussi celle de l’empereur Constantin. Le peuple de l’époque était très spirituel. Il croyait en la puissance d’un arbre qui était le gardien de leur village et ce n’est qu’un exemple. Saint Martin de Tours, nommé d’abord exorciste (il pratiquait la guérison & la délivrance) avant d’être ensuite nommé évêque par la population de Tours, était un homme profondément intime avec Jésus et évangéliste auprès des plus pauvres dans les campagnes. Il démontrait sa foi par des signes, des prodiges et des miracles. Il n’avait pas peur de « défier » Dieu comme l’a fait Elie sur le mont Carmel.

Reprenons l’exemple avec lequel les villageois croyaient en cet arbre « gardien ». Dans ce village, Saint-Martin avait fait abattre un temple fort ancien, et il voulait couper un pin consacré au diable, malgré les paysans et les gentils, quand l’un d’eux dit : « Si tu as confiance en ton Dieu que tu dis adorer, nous couperons nous-mêmes cet arbre, à la condition que tu sois dessous pour le recevoir dans sa chute. Si ton Seigneur est avec toi, comme tu le prétends, tu échapperas »Martin consentit ; l’arbre était coupé et tombait déjà sur lui qu’on avait lié de ce côté, quand il fit le signe de la croix vers l’arbre qui se renversa de l’autre côté et faillit écraser les paysans qui s’étaient mis à l’abri. À la vue de ce miracle, ils se convertirent à la foi.

B. L’ère Chrétienne.

-> Dans l’ère chrétienne, en Europe occidentale, nous, chrétiens, nous sommes chez nous avec nos valeurs, nos rites & coutumes, etc. En postchrétienté, nous sommes des étrangers sur cette terre. Aujourd’hui, même si les fêtes religieuses peuvent encore rythmer notre calendrier, elles n’ont plus ou peu de sens. Nous sommes un groupe, un club comme tout autre activité culturelle, sportive, philosophique que nous pouvons trouver au sein de la société. Cela peut être un avantage pour nous disciples du Christ pour faire connaitre à nouveau ces périodes de vie de Jésus fondatrices pour nos vies spirituelles. Les générations d’aujourd’hui aiment se retrouver en groupe. Les relations sont importantes. Dans la traversée de cette pandémie, nous voyons le désespoir augmenter autour de nous, faute de relations. Pour toucher les gens, nous devons bâtir des relations authentiques avec les personnes qui nous entourent afin de pouvoir avoir des conversations spirituelles qui les amèneront à la connaissance intime de Christ.

-> Durant ces derniers siècles, les chrétiens, notamment les évêques, avaient le contrôle au niveau des politiques, autrement dit sur ce qui porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de notre société. Cela se perd. En postchrétienté, nous avons juste notre témoignage qui est reflété par notre façon de vivre, pour les influencer.

Laisser l’Esprit Saint transformer nos vies, incarner de plus en plus le Royaume de Dieu et ses valeursvivre la radicalité, le pardon et la grâce, va faire de nous un témoignage vivant de qui est Christ pour pouvoir ensuite parler de lui en étant crédible.

-> Dans l’ère chrétienne, le christianisme maintenait un statu quo. Beaucoup de choses étaient figées. Revenir sur des fondamentaux étaient très souvent impensable pour plusieurs. En postchrétienté, la foi chrétienne est contestée. Nous devons revenir vers le vrai sens de la mission. Jésus était l’Envoyé de Dieu (Mt 10.40 ; Luc 10.16 ; Jean 6.44), le missionnaire modèle. Il nous montre par sa vie ce qu’est être missionnaire autant dans sa relation avec soi-même, avec les autres et avant tout avec son Père. C’est seulement en dernier, après sa résurrection mais avant de monter au ciel qu’il nous laisse son ordre de mission qui s’adresse à tous, appelé aussi la Grande Commission « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.19-20). En d’autres termes, l’apôtre Paul nous rappelle la mission de Christ et celle qui est finalement la nôtre « En effet, Dieu était en Christ, réconciliant les hommes avec lui-même, sans tenir compte de leurs fautes, et il a fait de nous les dépositaires du message de la réconciliation. Nous faisons donc fonction d’ambassadeurs au nom du Christ, comme si Dieu adressait par nous cette invitation aux hommes : « C’est au nom du Christ que nous vous en supplions : soyez réconciliés avec Dieu. » (2 Co.5.19-20).

Jésus lui-même nous envoie dans le monde alors que nous ne sommes plus du monde (Jean 17). Accomplir notre mission est un appel à prendre au sérieux car Dieu veut que nous participions à son Histoire qui dure éternellement.

-> Dans l’ère chrétienne, les églises étaient souvent administrées en mode institutionnel. En Postchrétienté, elle doit devenir à nouveau un mouvement comme dans l’Eglise primitive.

Puis, si nous formons de « vrais » disciples, nos disciples formeront d’autres disciples qui en formeront d’autres. Nous serons alors dans un mouvement de moisson. Cela se fait déjà en France et nous pouvons en voir des fruits. Nous sommes alors dans un processus de multiplication. Qui dit petits groupes, ne veut pas dire rejeter l’église locale. Nous pouvons composer avec les deux types de « structures ». L’église organique a besoin à un moment donné pour pouvoir être reconnue et vivre dans la société d’un minimum d’administration. Et je suis convaincue qu’une église locale actuelle peut changer de stratégie et adopter les petits groupes qui se multiplient sans que la charge administrative soit assommante. Cela demande un peu plus de temps pour être réformé car les habitudes doivent changer mais c’est possible si telle est la volonté de Dieu.

Pour conclure ce 3e épisode de la série « Être en mission dans la Postchrétienté », cette nouvelle ère peut faire peur ou être pour nous enthousiasmante car tout est nouveau. Le nouveau peut faire émerger une multitude de bonnes idées. Dans les deux cas, nous devons cultiver notre intimité avec Jésus pour mieux le connaitre et fortifier notre confiance en lui, puis recevoir l’équipement de son amour, sa puissance, son audace et savoir ce qu’il veut que nous fassions pour ensuite lui obéir. C’était la stratégie de Jésus. Nous voyons beaucoup de pères de l’Eglise agir comme Jésus et porter du fruit.

L’expérience de hier nous sert à bâtir l’aujourd’hui. Tout n’était pas mauvais dans la chrétienté, nous l’avons vu. Il y a eu plusieurs réveils, des milliers de conversions.

Chrétiens, nous ne servons pas une église. Nous sommes l’Eglise qui sert Dieu pour impacter le monde. L’Eglise est invitée à participer à la mission de Dieu.

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