« QUITTEZ LA PLAGE ! » de Timothée Paton
Luc 5/1 – 11
Message donné le 20 mai 2003 à Greenacre Anglican Church, Sydney, Australie
Jésus se tient sur les rives de la mer de Galilée et enseigne la foule. Il aperçoit deux barques vides. L’une d’elles appartient à Pierre. Découragé de ne pas avoir pêché un seul poisson, Pierre nettoie ses filets sur la plage.

Beaucoup de chrétiens se trouvent aujourd’hui sur la plage, abattus. Près d’eux repose leur bateau vide. Malheureusement, on rencontre plus de croyants le long de la mer qu’en eaux profondes, à la recherche du poisson. Plus ils restent sur la rive, plus ils ressentent du découragement. Leur joie a tari. Leur passion pour les perdus a quasiment disparu. Leur vision pour la mission s’est éteinte.
Jésus monte dans la barque et s’adresse à Pierre : « Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. »
Vous ne pouvez pas passer tout votre temps à nettoyer vos filets. Vous ne pouvez pas rester indéfiniment au bord de la mer. Il est temps de quitter la plage.
Comment s’appelle votre plage ? Dépression ? Déception ? Confort ?
Jésus est déjà dans la barque. Il vous attend. Il vous appelle. Dieu a besoin de vous. Le bateau ne peut pas partir sans vous. S’engager pour Dieu à cinq mètres du rivage, ce n’est pas suffisant. Même à vingt ou trente mètres. Si vous voulez réaliser une bonne pêche, vous devez aller là où l’eau est profonde. Quelles sont les eaux profondes vers lesquelles Dieu vous appelle ?

Dans les prisons ? Au cœur des cités difficiles de nos grandes villes ? Auprès des personnes âgées dans les maisons de retraite ? Qui aura le courage de servir Dieu dans les eaux profondes du Soudan, du Bangladesh ou de l’Ukraine ?
C’est un Juif qui amena l’Évangile à Rome. Un Romain qui l’apporta en France, un Français en Scandinavie, un Scandinave en Écosse, un Écossais en Irlande…
Qui ira jusqu’au peuple shuwa du Tchad ou de l’ethnie pathane, en Afghanistan, où l’on ne recense que 0,01 % de chrétiens ?
Qui aura le courage de prendre sa barque pour rejoindre en Birmanie les quelque deux millions d’âmes du peuple arakanais ?
Quand on prend conscience de la réalité, il devient impossible de rester sur la plage. Je vous invite à quitter la foule et à vous engager pour Jésus.
En 1999, j’ai quitté la France pour les eaux profondes du Cambodge. Au fil des années, avec toute une équipe, nous avons jeté nos filets dans la capitale, Phnom Penh, où des milliers de garçons et de filles sont forcés de travailler dans la rue, chaque jour, sans répit. Au cours de toutes ces années en Asie du Sud-Est, j’ai souvent senti les vents forts faire ballotter ma barque. De temps en temps, elle a même pris l’eau.

Jésus ne nous a jamais promis que la mer serait toujours calme et qu’il n’y aurait jamais d’orage. Mais au cœur de nos tempêtes, il est à nos côtés. Si Jésus est dans le bateau, vous avez l’assurance que vous ne coulerez pas.
« Jetez vos filets pour pêcher », lance Jésus à Pierre.
Nous avons tous des filets : les dons et les talents que Dieu nous a confiés. Certains chrétiens s’imaginent qu’ils pourront attraper quelque chose en restant confortablement assis sur le sable de la plage. Non ! Ils n’attraperont rien. Peut-être un poisson mort ou des coquillages…
Jetez vos filets en eau profonde. Servez Dieu là où la pêche peut être abondante.
Nos filets ne nous ont pas été confiés pour être suspendus dans le salon de nos maisons. Nos filets nous rappellent peut-être de bonnes pêches en haute mer, ces jours passés où Dieu s’est servi de nous, mais, s’ils restent accrochés au mur, ils ne servent à rien. Nos talents ne sont pas des objets de décoration.

Prenez vos filets. Ne les laissez pas se détériorer aux murs de vos souvenirs.
À l’âge de 12 ans, j’ai commencé à écrire de courtes histoires pour enfants. Elles furent imprimées sous forme de traités d’évangélisation et publiées en français et en anglais dans plusieurs revues chrétiennes. C’est sous forme de bandes dessinées qu’elles sont apparues dans le magazine « Tournesol ».
Il n’y a pas très longtemps, j’ai retrouvé ces histoires que j’écrivais quand j’étais enfant. Elles étaient restées au fond d’une malle pendant les quelque vingt ans où je me trouvais au Cambodge. Avec émotion, je les ai relues à ma femme. L’histoire que j’ai intitulée « Ta seule chance » écrite à l’âge de 13 ans a été la toute première à sortir de presse. Elle a d’abord paru dans le journal d’évangélisation « Bientôt ».
La voici telle qu’elle a été écrite en 1986 :
TA SEULE CHANCE
Dans une région du Grand Nord où la neige est très abondante, seule à travers la forêt, une petite fille s’en allait joyeusement en direction de son école qui se situait à une demi-heure de chez elle.
Emmitouflée d’un épais manteau, le cartable sur le dos et le bonnet sur la tête, la petite Élisabeth courait dans la neige afin de ne pas arriver en retard.
Comme l’heure s’avançait, elle eut l’idée pour raccourcir son chemin de traverser le grand lac gelé. Avec précaution, Élisabeth avançait prudemment. Enfin, la voilà presque de l’autre côté…
Mais soudain, un bruit de glace qui se brise se fit entendre… La malheureuse fillette perdit l’équilibre et voilà que son corps fut à moitié dans l’eau glacée. Des cris jaillirent : « Au secours ! À l’aide ! Viiite ! » s’écria-t-elle, désespérée.
Allait-elle rester bloquée jusqu’à devoir mourir ? Mais, il y avait une chance…
Non loin de là, un bûcheron entendit les appels de détresse, et laissant sa hache et sa scie, il se mit à courir à la rencontre de la fillette. Tout essoufflé, il arriva enfin.
L’apercevant là, tombée au bord du lac, il risqua sa vie pour la sauver. Il s’allongea sur la glace ; il fallait faire vite ! Élisabeth était à bout de forces ! Le brave bûcheron étendit le bras vers la petite fille. Frigorifiée, elle étendit elle aussi sa faible main.
La main serrée par celle de son sauveur, la voilà enfin hors de l’eau. Sur la neige s’étendait le petit corps d’Élisabeth. Oui ! Elle était réellement SAUVÉE.
Le bûcheron prit la fillette dans ses bras et tous deux s’en allèrent joyeux à travers les sapins. Ami(e), cette histoire me fait réfléchir à une chose très importante :
JÉSUS, le Sauveur du monde, comme le bûcheron, risqua lui-même sa vie pour toi.
Élisabeth avait une chance : c’était la main du bûcheron. Pour toi, ta seule et unique chance aujourd’hui, c’est Jésus-Christ ; alors ami, je te propose cette chance, la plus merveilleuse : accepte Jésus dès maintenant dans ta vie, et tiens dès cet instant la main du Dieu vivant, l’unique chance pour toi !
J’ai accepté le Seigneur Jésus, et sachez-le, je tiens toujours la main de ce grand ami, et je la tiendrai jusqu’au bout.
Timothée Paton -13 ans
Un jour, après une randonnée avec mes parents à travers le petit village de Villelongue en Auvergne, j’ai décidé d’inventer de courtes histoires pour enfants que j’ai baptisées « Les Aventures de Wally ». Les récits d’un jeune garçon et de Spot son chien invitaient chaque fois les jeunes lecteurs à donner leur cœur à Jésus.
Vous découvrirez au milieu de ce livre l’une des histoires de Wally et Spot, telle qu’elle fut publiée à l’époque dans le journal « Bientôt ».
Écrire des histoires est devenu mon filet de pêche. J’aurais pu passer ma vie à les écrire « sur la plage ». J’ai décidé de les utiliser pour Jésus dans les eaux profondes. Un don qui n’est pas au service de Dieu et des autres n’est pas un don.
« L’ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons et leur filet se rompait. »
Que ce soit dans un bidonville aux Philippines, dans une banlieue parisienne ou au cœur du monde des médias ou de la politique, vous pouvez jeter vos filets et saisir une grande quantité de poissons pour le Royaume de Dieu.
Il ne vous laissera pas tout seul au milieu de la mer.
D’autres frères et sœurs viendront tirer les filets avec vous : « Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent, et ils remplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient. »

Pourtant, quand vous décidez de répondre à l’appel pour le service de Dieu, sachez que tout le monde ne montrera pas le même enthousiasme que vous. Dans la foule, certains manifesteront même une certaine hostilité quand ils assisteront à votre départ.
Un jour, un touriste en vacances aux Bahamas aperçut une grande foule réunie au bout d’une jetée. En s’en approchant, il vit qu’elle faisait face à une petite embarcation ; dedans, un navigateur s’apprêtait à partir pour un voyage en solitaire autour du globe. Les spectateurs réunis là lui donnaient toutes sortes de bonnes raisons pour qu’il renonce à une telle aventure…
Dans une ambiance aussi négative, le touriste sentit qu’il se devait d’encourager l’intrépide marin. Alors que le petit bateau s’engageait dans la mer, il se mit à sauter le long de la jetée et à crier : « Allez-y ! Vous y arriverez. Nous sommes fiers de vous ! »
Quand vous vous élancerez dans les eaux profondes, vous entendrez une voix plus forte que toutes les autres, celle du Saint-Esprit qui vous dira : « Vas-y. Tu peux y arriver. Je suis avec toi ! »
Je pense à Matha, cette femme hors du commun, que j’ai rencontrée en octobre 2013 à Chiang Mai, en Thaïlande. Nous partagions un repas quand elle m’a raconté son histoire.
Matha est née aux États-Unis. À l’âge de 11 ans, elle accepte Jésus comme son Sauveur personnel. Souffrant un jour de forts maux de tête, elle se rend chez le médecin qui décèle une tumeur dans son cerveau. À 12 ans, elle subit une opération. Mais c’est un échec. Une semaine avant son treizième anniversaire, Matha se réveille un matin… aveugle. À 16 ans, elle tente de se suicider en prenant en une seule fois une dose d’un mois de barbituriques.
Elle se réveille vingt-quatre heures plus tard et s’exclame : « Dieu soit béni, je suis vivante ! Seigneur, je dépose maintenant tout à tes pieds. » Elle raconte : « J’ai alors ressenti la gloire de Dieu. Il me soutenait. Quand je pleurais, c’est comme si Dieu pleurait avec moi. »
Passionnée par les différentes cultures, Matha décide de s’engager comme missionnaire, malgré son handicap. Après avoir obtenu son master dans un collège biblique, elle fait une demande pour servir Dieu au Mexique, parmi les enfants des rues. Elle s’adresse à une agence missionnaire, mais quand les responsables apprennent qu’elle est aveugle, sa candidature est refusée. Matha ne baisse pourtant pas les bras. Elle écrit à une autre organisation chrétienne, cette fois en Colombie. Mais la porte se ferme à nouveau.
Après avoir essuyé ces deux refus, Matha, maintenant âgée de 23 ans, se demande si elle n’a pas commis une erreur en voulant partir en mission. Dieu parle à son cœur : « Matha, je t’ai bien appelée. Cela n’a pas d’importance ce que les uns et les autres peuvent te dire ! » Elle reprend alors courage et écrit cette fois-ci au bureau de Jeunesse en Mission au Brésil. Et sa demande est acceptée !
En 1994, elle s’envole pour une mission à court terme parmi les enfants des rues, au nord du Brésil.
À son retour aux États-Unis, elle va écouter un missionnaire servant Dieu en Mongolie, venu prêcher dans son Église. Alors qu’elle est en route pour cette soirée, Matha se souvient avoir dit : « Ce qui est sûr, c’est que je n’irai jamais travailler en Mongolie ! »
Mais, avant même que la rencontre ne soit terminée, Dieu change son cœur. Elle est convaincue que le Seigneur veut l’envoyer là-bas… en Mongolie ! Peu de temps avant son grand départ pour la capitale, Oulan-Bator, Matha reçoit une vision. Elle y distingue de nombreux chrétiens mongols à cheval. Le Seigneur lui dit : « Je ne t’ai pas seulement appelée à me servir parmi les enfants des rues, mais à lever des serviteurs et des servantes de Mongolie pour mon service. »
C’est en 1997 que Matha s’envole, seule, pour vivre cette nouvelle étape de sa vie. Plus de 5 000 garçons et filles vivent dans les rues d’Oulan-Bator où, en hiver, la température descend jusqu’à − 30 degrés ! Nombreux sont retrouvés morts de froid. Matha apprend la langue et donne tout son temps à ces enfants abandonnés. En hiver, le centre d’accueil où elle s’investit compte jusqu’à 200 orphelins.
J’ai interrogé Matha sur cette vision concernant des missionnaires mongols. Elle m’a répondu, le visage rayonnant :
− Sais-tu, Timothée, qu’aujourd’hui, l’Église de Mongolie envoie plus de missionnaires, par rapport au nombre de chrétiens, que tous les autres pays du monde ? Il y a un frère mongol, aveugle comme moi, que j’ai eu la joie d’envoyer comme missionnaire parmi son peuple. Il est en ce moment même au cœur du désert de Gobi, où il implante une Église parmi les nomades !
J’ai partagé plusieurs repas avec Matha. Nous sommes allés au marché de Chiang Mai où je l’ai accompagnée pour ses courses de Noël. On a bien ri. Matha est une femme pleine de vie, curieuse de tout, à l’écoute des autres, passionnée de Dieu. Je l’ai vue une dernière fois à la fin d’un culte à Chiang Mai. Je revois encore le taxi venu chercher cette femme de Dieu pour la conduire à l’aéroport. Matha est partie seule pour Bangkok.
Matha est infatigable. Depuis début 2013, elle s’est lancée dans une nouvelle aventure : faire connaître Jésus parmi les jeunes filles thaïes vendues pour le commerce sexuel. On estime à 500 000 le nombre d’esclaves en Thaïlande. Mais parmi cette multitude de femmes et d’enfants, se trouve aujourd’hui une jeune Américaine, aveugle, qui n’a pas laissé son handicap déterminer ni sa mission ni son avenir.
Lorsque Matha visite les Églises aux États-Unis, face à des auditoires qu’elle ne voit pas, elle lance souvent ce défi : « Mes frères et mes sœurs, si je peux faire ce que je fais, alors vous aussi vous pouvez le faire ! »

Encore faut-il
quitter la plage !



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